Le débat paradoxal est hélas de plus en plus familier : le « spectacle vivant » ne s'est jamais aussi bien porté mais il rentre en crise... Et concernant les festivals de musique, les répercussions de la chute du disque (les artistes se rattrapent sur le live en exigeant des cachets surréalistes), la concurrence à coup de capitaux, les obligations administratives légitimes mais parfois incohérentes fragilisent sérieusement un secteur longtemps délaissé...

A propos du nôtre, nous écrivions cet été « La Route du Rock depuis ses débuts se laisse guider par ses pulsions primaires, ne succombe à aucune sirène et prend le risque de programmer des artistes dérangeants, expérimentaux, voire subversifs... » et que « sans notre foi inébranlable, nos frustrations artistiques perpétuelles et la reconnaissance de ceux qui nous importent, nous pourrions être tentés de rendre les armes, car aujourd'hui l'audace est de moins en moins l'affaire des audacieux écoutant leur ventre, mais plus souvent une anticipation calculée qui répond à la loi du plus offrant... »...

Nous n'avons donc plus la naïveté (nous l'avons eu... il y a longtemps...) de penser que les concerts des artistes que nous aimons et défendons sont guidés par la cohérence artistique d'un projet. Cela fait bien longtemps que la plupart des artistes ne maîtrisent plus grand chose. Et l'arrivée de nouveaux mastodontes de l'économie spectaco-industrielle va encore considérablement compliquer les choses. Malgré tout, le rendez-vous Route du Rock est désormais très reconnu et ne peut souffrir d'aucun compromis majeur, au risque de s'affadir et devenir un mi-chemin économique inacceptable et sans intérêt... Seule ce que certains appellent sa radicalité saura la distinguer de la multitude d'événements tiroirs-caisses ou gentiment festifs. Alors comment poursuivre notre chemin ? Comment s'adapter, résister et/ou survivre ? Et est-ce finalement utile de se donner tout ce mal ? Car il ne suffit pas qu'un événement soit reconnu pour son audace artistique et son esthétique bien trempée. Les encouragements et diverses retombées dithyrambiques ne comblent pas, hélas, les déficits cumulés depuis quelques années et qui aujourd'hui atteignent un tel niveau (200.000,00 €), que de nouvelles déconvenues en 2008 ne laisseraient aucune autre issue que la fin de cette belle aventure pourtant à peine majeure. Nous allons donc malgré tout lancer deux véritables éditions de La Route du Rock en 2008 : les 22, 23 et 24 février pour la Collection Hiver et les 14,15 et 16 août pour la grande sœur estivale. Afin qu'elles ne soient pas les dernières et après avoir exploré les pistes plus conventionnelles de soutien financier, nous sommes aujourd'hui contraints d'envisager ce qui nous semblait être la dernière extrémité : solliciter notre fidèle public, qui partage avec nous depuis des années ces valeurs essentielles... Un don, une souscription, qu'importe son nom et son montant (Radiohead nous a laissé estimer le prix de son dernier disque sur Internet, que vaut La Route du Rock ?)... sachant que les seules contreparties que nous pouvons garantir en 2008, sont deux réunions de famille 100% pur jus Route du Rock.

Alors souhaitons-le ensemble : Que 2008 soit une très belle année Route du Rock !

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